Magazine N°022 : SANS LA FOI EN LA RECHERCHE, POINT DE SALUT POUR L’AFRIQUE !
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a préconisé la vaccination de 20% de la population par pays. L’objectif poursuivi est l’atteinte de l’immunité collective. Un défi que peuvent relever tous les pays. Cependant, il apparaît difficile de croire que ce but sera réalisable d’ici la fin du premier trimestre 2021 pour les pays africains. Principalement à cause de la difficulté à se procurer les vaccins mis au point en occident ainsi qu’en Chine et en Inde.
Cette difficulté tient surtout des achats et précommandes compulsifs des pays riches. Ensuite, il y a le coût de ces vaccins. Si, les pays occidentaux justifient leur prééminence par le fait qu’ils ont déboursé des financements colossaux pour financer la mise au point des vaccins, il reste que l’OMS, à travers son Directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a invité à un accès équitable aux vaccins pour éviter le « chacun pour soi » ou un certain « nationalisme vaccinal » qui pourrait nuire aux efforts mener par les pays pauvres pour enrayer le Covid-19.
La même inquiétude sur la préférence, liée aux accords bilatéraux entre les firmes pharmaceutiques et les pays riches ou émergents pour l’accès aux vaccins, a également été soulevée par Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine (UA). « Il ne faut pas que ceux qui ont les moyens monopolisent les vaccins. Il faut que l’Afrique soit également comprise parmi ceux qui vont bénéficier dès les premiers instants de ces vaccins », déclarait-il au mois de décembre 2020. Une position qui a été renforcé par l’intervention du président sud-africain, Cyril Ramaphosa, lors du sommet de Davos le 26 janvier dernier.
Quoi qu’il en soit, la réalité qui s’impose à l’Afrique est d’abord celle de la mobilisation des ressources financières au regard du coût des vaccins anti-Covid. Pour des pays comme le Gabon, la première phase de la campagne vaccinale concernera moins de cinq cent mille personnes, seulement, le gouvernement doit mobiliser près de vingt milliards de francs CFA. Une somme astronomique en cette période de crise multiforme.
Si une poignée de pays, à savoir les Seychelles, l’Égypte, la Guinée et le Maroc, ont déjà entamé des campagnes de vaccination, la grande majorité des pays du continent est en phase de démarchent pour l’approvisionnement, alors que le contexte international présente une conjoncture en lien avec les ruptures d’approvisionnement pour Pfize-Bio-NTech par exemple. Des promesses de doses pour le contient, mais ils pourraient couvrir à peine 40% de ses 1,3 milliard d’habitants.
Il faut néanmoins indiquer que le prochain challenge du continent devra être celui du financement de la recherche pour sa sécurité et son progrès. En effet, dans la course à la recherche d’un vaccin anti-Covid, l’Afrique est à la remorque. Or, la pandémie du Coronavirus confirme la nécessité pour les pays africains à investir dans la recherche et développement. Il sera difficile de nier les efforts pour la construction d’un environnement de recherche dynamique. Seulement, il faut d’abord rebâtir le système d’enseignement et constituer à chaque palier des pôles d’excellence qui doivent à terme permettre de rivaliser avec les meilleurs. La Chine, la Corée du Sud et l’Inde l’ont fait. Les résultats dans cette course au vaccin antiCovid-19 sont éloquents.
Il ne s’agit pas d’un choix, mais beaucoup plus d’une obligation. L’avenir des nations au XXIe siècle repose sur leur capacité à s’autodéterminer à travers la recherche et l’innovation. Pour l’Afrique, investir dans la recherche renferme un double enjeu. D’un côté, elle devra assurer son développement et de l’autre son indépendance vis-à-vis des solutions exotiques qui n’enchantent plus sa jeunesse, qui croit plus en son talent et ne souffre plus d’aucun complexe. L’Afrique doit croire en elle et faire confiance à ses chercheurs pour son salut.
Séif Mostley, Rédacteur en chef