Industrie : Quid de l’absence d’un ministère dédié dans le Gouvernement de transition ?
Dans la composition du gouvernement de transition, l’Industrie ne bénéficie pas d’un ministère à part entière. Elle fait désormais partie de celui en charge du Commerce. Cette situation pourrait affecter les ambitions de l’État gabonais dont la politique menée en la matière ces dernières années vise à développer le secteur afin de disposer d’un véritable tissu industriel compétitif et concurrentiel au sein de la ZLECAf. Pourquoi ce choix ?
Un secteur associé au Commerce
La remise « sur les bons rails » du Gabon passe par l’augmentation de la production des richesses qui, elle, passe par le développement industriel du pays. Si l’Industrie bénéficiait d’un ministère de plein exercice dans les différents gouvernements de l’ère Ali BONGO ONDIMBA, avec à sa tête messieurs Pacôme MOUBELE BOUBEYA (sous Rose Christiane OSSOUKA RAPONDA) et Blaise LOUEMBE (sous Alain-Claude BILIE-BY-NZE), ce n’est manifestement pas le cas pour le gouvernement de transition dirigé par Raymond NDONG SIMA. Dans la composition gouvernementale qui a été rendue officielle le 9 septembre 2023, le département de l’Industrie est rattaché au ministère du Commerce, des PME/ PMI, chargé des Activités génératrices de revenus. Une administration dont la gestion a échu à Patricia DJIPANO.
Plusieurs opérateurs du secteur voient d’un mauvais œil cette recomposition de l’architecture gouvernementale qui, selon eux, n’est pas de bon augure. Ils craignent que ce secteur ne bénéficie plus de l’attention qu’il mérite et dont il bénéficiait il y a encore quelques mois. L’État gabonais pourrait ainsi se dérouter de la politique menée en la matière ces dernières années et pour laquelle le projet ambitieux était connu : développer le secteur afin de disposer d’un véritable tissu industriel compétitif et concurrentiel au sein de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Faut-il rappeler aux autorités de la Transition l’importance et le rôle joué par les opérateurs économiques des différentes filières industrielles dans la production des richesses dans le pays ?
Une vision industrielle rendue floue
Les entreprises du secteur industriel opérant dans le bois, l’énergie ou l’agroalimentaire ont besoin d’un environnement qui prenne en compte leurs préoccupations quotidiennes afin de leur permettre d’évoluer en toute sérénité. Le fait, de rattacher l’Industrie au Commerce brouillera inévitablement la lisibilité de l’action gouvernementale dans ce qui représente pourtant un pôle stratégique de développement. Il aurait été plus judicieux de mettre en place un ministère qui aurait la charge exclusive du développement industriel du Gabon afin de lutter plus efficacement contre les obstacles qui parfois représentent un frein à l’attractivité des investisseurs.
Bien qu’il faille sérieusement réformer ce secteur afin de permettre l’arrivée de nouveaux acteurs, tout en facilitant l’émergence de champions industriels 100% gabonais, il y a cependant des initiatives issues de l’ancien régime qu’il faudrait absolument pérenniser. C’est notamment le cas des Journées de l’Industriel gabonais dont la dernière édition s’est tenue du 10 au 12 novembre 2022. Cet évènement avait constitué une excellente vitrine pour valoriser les acteurs industriels gabonais qui, trois jours durant, avaient non seulement exposés leurs produits au grand public, mais également échangé avec les acteurs institutionnels du secteur sur les difficultés rencontrées dans leurs différentes activités. Espérons que l’actuelle ministre en charge de cette question, madame Patricia DJIPANO saura répondre efficacement aux préoccupations du secteur de l’industrie qui reste le principal moteur du développement économique du Gabon.