DETTE : LE CTRI REACTIVE LA TASK-FORCE !
Le CTRI a décidé de remettre sur pied la Task-Force sur la dette qu’elle avait créé en 2021 pour faire la lumière sur la dette réelle de l’Etat gabonais vis-à-vis des entreprises gabonaises. Ladite entité avait permis de révéler de graves dysfonctionnements dans les passations des marchés publics. Quelles sont les missions affectées à cette Task-Force ?
Une annonce attendue par le monde des affaires
C’est au cours d’un point de presse animé par le ministre délégué à la Présidence, porte-parole du CTRI, le Lieutenant-Colonel Ulrich MANFOUMBI MANFOUMBI que l’annonce a été rendue publique. En effet, cette entité créée par l’arrêté n°00070/PM du 08/02/2021 avait pour mission de prioriser le règlement de la dette intérieure. Placée sous l’autorité directe du Premier Ministre, elle était en outre composée de hauts cadres de l’administration financière publique tels que les directeurs généraux de la dette, de l’Economie et la Politique fiscale, de la Comptabilité publique et du Trésor, de l’Agence Judiciaire de l’Etat et des représentants des créanciers de l’Etat réunis au sein du Club de Libreville. Cette annonce entre dans la continuité de celle faite le 31 août dernier lors de l’audience accordée par le Président de la transition aux chefs d’entreprises gabonais.
Une Task-Force élargie à la dette extérieure
En effet, lors de cette rencontre avec les chefs d’entreprises gabonais réunis au sein de la Fédération des Entreprises du Gabon (FEG), le Général de Brigade Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA avait décidé entre autre de relancer ledit Club de Libreville afin d’épurer d’abord la dette publique intérieure, mais aussi apporter de l’argent frais aux entreprises (surtout les PME/PMI) en crise financière et également relancer l’économie nationale plombée par 2 années de Covid19. Non seulement cette Task-Force voit ses prérogatives élargies au règlement de la dette extérieure, mais elle aura également pour objectif de traduire en poursuites judiciaires les anomalies telles que les surfacturations ou autres malversations qu’elle mettra à jour au cours de ses investigations. Ainsi, les opérateurs économiques qui ont bénéficié de marchés publics ainsi que les administrations publiques qui sont intervenues, dans le circuit de passation des marchés seront prochainement amenés à se justifier auprès de cette Task-Force.
De graves malversations révélées par les audits de la Task-Force
En 2020 et 2021, la Task-Force sur la dette intérieure avait selon les autorités de l’époque permis de mettre à jour plus de 440 milliards de fausses factures sur les 650 milliards de francs CFA réclamés à l’Etat par les entreprises privées. Malheureusement, ses travaux avaient été suspendus pour des raisons inconnues par le gouvernement en 2022 et bon nombre de dossiers avaient donc été laissé en suspens. Ainsi, selon les termes du porte-parole du CTRI, la reprises des audits de cette Task-Force permettra d’effectuer « la vérification de l’ensemble des marchés publics » afin de démasquer des irrégularités dans la passation des marchés publics mais aussi dans leur exécution sur le terrain en tenant compte des accords passés pour la réalisation desdits marchés et leurs cahiers de charges. A cet effet, le Lt-Colonel MANFOUMBI MANFOUMBI a sommé les entreprises concernées de se rapprocher de la Task-Force munis de tous leurs justificatifs dès réception de leur convocation. Il est clair que de nouveaux scandales et de nouvelles arrestations seront à attendre dans les semaines ou les mois à venir.
Une décision saluée par les bailleurs de fonds multilatéraux
Cette annonce a été bien accueillie par les marchés financiers. Convaincu par la volonté des nouvelles autorités de transition concernant la capacité du Gabon à honorer ses engagements, l’agence de notation Fitch Ratings a d’ores et déjà revu sa note en ce qui concerne le Gabon. En effet, le pays ne bénéficiant pas d’aide budgétaire extérieur et n’étant pas sous sanctions économiques de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), l’agence américaine estime que le Gabon a donc conservé sa forte capacité à assurer le service de la dette auprès des différents Banques Multilatérales de développement (BMD).