ECONOMIE : LES GRANDS CHANTIERS DE MAYS MOUISSI
Le gouvernement de transition nommé par le Général Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA est désormais officiel. Le portefeuille de l’économie est confié à Mays MOUISSI, un expert en économie bien connu du grand public. Quels sont les chantiers qui attendent le nouveau ministre ?
Une expertise unanimement reconnue
C’est certainement l’un des membres du gouvernement de transition dont les décisions seront scrupuleusement traitées par les gabonais. L’économiste Mays MOUISSI a fait son entrée en qualité de ministre de l’économie au sein du gouvernement de transition dirigé par un autre économiste, Raymond NDONG SIMA. C’est une personne très connue de l’espace médiatique en raison de ses prises de position nombreuses et pointilleuses. Il est notamment co-auteur d’un rapport dénommé « 105 promesses, 13 réalisations – Le bilan du septennat d’Ali BONGO ONDIMBA (2016-2023) » dans lequel il affichait un bilan économique mitigé de l’ex-président gabonais au cours de son second et dernier mandat. Ce spécialiste en Economie des pays francophones, diplômé de l’Université Paris-I Panthéon Sorbonne (France) a une longue expérience dans la réalisation d’études macroéconomiques et sectorielles qu’il a effectué des années durant pour des multinationales en Afrique. Il est l’auteur de nombreuses notes pour des organismes de recherche tels que Global Integrity et Trans-National Research sur le Gabon. Sa nomination a été unanimement saluée par les gabonais qui attendent de sa part la mise en œuvre des outils qui permettront une véritable relance de l’économie gabonaise./p>
Une économie durement affectée
Les problèmes que rencontre l’économie gabonaise sont nombreux : climat des affaires, absence de financement octroyés aux PME/PMI locales, économie complètement extravertie, absence de champions nationaux, lutte contre le chômage, dette endémique, etc.
La redistribution des fruits de la croissance se font toujours attendre malgré un PIB/habitant parmi les plus élevé d’Afrique évalué à plus de 8 000 dollars US en 2021, le niveau de précarité reste très élevé avec plus du tiers de la population qui vit en dessous du seuil de pauvreté et un chômage qui atteint des sommets (21,5%). L’économie du pays reste fortement dépendante des exportations des matières premières minières et forestières (pétrole, manganèse, bois, huile de palme) qui représentent encore plus de 80% de fournitures des devises au pays. L’inflation reste globalement basse (3,8%) même si les prix de l’alimentation ont explosé en 2022 et 2023 (+30%). Les attentes sont donc élevées pour les gabonais au regard de l’immense espoir suscité par cette transition. Quels sont donc les chantiers prioritaires pour la rénovation de l’économie gabonaise ?
De nombreux chantiers en perspective
Il y a l’amélioration du climat des affaires dont la bureaucratie et les pesanteurs administratives constituent un sérieux obstacle. A cet effet, une refonte du fonctionnement des acteurs étatiques tels que l’ANPI s’impose afin d’optimiser la création d’entreprises, de favoriser la lutte contre la corruption qui dissuade les potentiels investisseurs, d’assainir l’environnement fiscal pour le rendre plus favorable aux PME/PMI en création ainsi que de renforcer leur financement par les banques locales sont autant de premières pistes. En outre, le nouveau ministre devra accélérer la lutte contre le chômage qui frappe principalement les jeunes en prenant compte de la flexibilité de l’emploi, un SMIG enfin revu à la hausse ainsi que le renforcement de la protection sociale des travailleurs.
La sortie de la dépendance aux exportations des matières premières est également un objectif sur lequel Mays MOUISSI sera attendu avec la poursuite de leur transformation industrielle en ce qui concerne le bois, le manganèse et les matières premières agricoles. Par ailleurs, la diversification de l’économie gabonaise passe par un développement des secteurs porteurs tels que le tourisme, l’agriculture et la protection de l’environnement. Avec une dizaine de parcs nationaux, la destination Gabon dispose de sérieux atouts qui pourraient en faire une destination privilégiée pour les touristes du monde entier tout en finançant la protection de ses aires protégées. Le Gabon dispose de plus de 3 millions d’hectares de terres arables disponibles pour favoriser la montée en puissance de la production agricole nationale. A ce titre, la mise en place de mécanismes qui soutiendraient une agriculture hautement mécanisée qui amélioreraient les rendements agricoles de denrées agricoles destinées au marché local afin de réduire les importations.
Enfin l’un des autres grands chantiers sur lequel sera jugé l’économiste gabonais reste celui de la lutte contre la vie chère. Depuis la fin de la pandémie de Covid19, les prix n’ont cessé d’augmenter au point de sérieusement entamer le panier de la ménagère. L’alimentation, le logement et les transports restent les postes qui connaissent la plus forte inflation et des mesures sont attendues afin d’en maîtriser la progression ou d’aider les ménages à y faire face.
Les chantiers économiques qui attendent donc le ministre de l’économie pour la période de la transition sont nombreux mais on espère surtout qu’il ramènera les bonnes pratiques en matière de bonne gouvernance qui faisaient cruellement défaut chez les décideurs au regard de ses nombreuses prises de position. Ayant la réputation d’un fin technocrate, Mays MOUISSI fait ainsi ses premiers pas dans le monde impitoyable de la politique à un moment où le Gabon en a besoin. Comme tout maçon, il sera jugé au pied du mur et aucun état de grâce ne lui sera accordé par les gabonais qui ont soif de changement.