C’est sans nul doute, et particulièrement en cette période de transition, la principale préoccupation des autorités et l’attente la plus pressante des Gabonais : résorber le chômage endémique. Avant le coup d’État du 30 août 2023, le phénomène était estimé par le régime déchu à environ 36% de la population jeune. Seulement, aux dires du représentant résident du Fonds monétaire international (FMI), la situation serait en réalité plus alarmante que les précédentes autorités ne le laissaient paraître. Seul point d’accord : les jeunes en sont les premières victimes. À l’échelle nationale, cette population, la plus importante du pays, serait touchée à hauteur de 40% si l’on se fie aux dires de Gomez AGOU dont de longs extraits de sa présentation vous sont proposés dans ce numéro, chers lecteurs.

S’agissant du chômage, il faut le dire pour le condamner, peu de chiffres existent, qui permettraient de se rendre véritablement compte de l’ampleur du phénomène que beaucoup considèrent comme une bombe à retardement. Serait-ce peut-être pour cette raison qu’un flou incompréhensible existe depuis des années sur le sujet. Ce qui ne reflète que trop bien l’échec des différentes initiatives lancées pour tenter d’y mettre un terme et dont le fameux programme « Un jeune Un métier » est la plus emblématique des tentatives hasardeuses du passage d’Ali BONGO au pouvoir.

Continuité de l’État oblige. C’est désormais «le problème » des militaires au pouvoir qui semblent poursuivre dans le même tâtonnement et les mêmes approximations. Pourtant, si des solutions ne sont pas trouvées dans le but de résoudre le problème qui se pose avec d’autant plus d’acuité maintenant qu’auparavant, tous les observateurs s’accordent à dire que le phénomène va s’accentuer, ce qui aurait pour conséquence d’aggraver l’insécurité sociale et donc porter un coup à la confiance que porte encore aujourd’hui les Gabonais au Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) et particulièrement à son chef de file, le général Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA, en dépit des efforts et des différentes initiatives lancées ces 11 derniers mois pour en sortir.

Faut-il rappeler aux tenants du pouvoir que “ventre affamé n’a point d’oreilles” ? L’enjeu est énorme pour le président de la Transition qui aspire à être élu lors de la prochaine élection présidentielle prévue en août 2025 - c’est un secret de Polichinelle. Si les milliers de jeunes aujourd’hui en quête d’un emploi n’ont pas été satisfaits dans un délai raisonnable, il leur sera difficile de lui accorder leurs voix. Alors attention à ne pas s’enivrer de trop de confiance !

Pour l’heure, malheureusement, les annonces faites restent sous leur forme initiale, c’est-à-dire de simples promesses. Si la première autorité du pays, après avoir invité massivement les jeunes en quête d’emploi à adresser leur demande auprès du ministère de la Fonction publique avant de les exhorter finalement à choisir l’auto-emploi, a inspiré la création de la Banque pour le Commerce et l’Entrepreneuriat du Gabon (BCEG), les activités de cette structure dotée d’un capital de 4 milliards de FCFA fourni par BGFIBank n’ont pas encore été lancées. Du coup, les chômeurs, notamment ceux ayant des projets d’entreprise, continuent d’attendre et nombre d’entre eux commencent à désespérer.

La preuve que la crise de l’emploi est profonde au Gabon, le pays a vu naître un Mouvement national des chômeurs du Gabon (MNCG) regroupant plusieurs associations inscrites dans la lutte contre ce phénomène. L’organisation dont les responsables ont déjà été reçus par le président de la Transition et le Premier ministre, Raymond NDONG SIMA, revendique plus de 12 000 adhérents à travers le pays. Ce qui est un sacré vivier d’électeurs pour le Général. Encore faut-il les convaincre par des initiatives concrètes et surtout réalistes.

LA REDACTION

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