PRISE DU POUVOIR PAR LES MILITAIRES AU GABON : Réaction de la CEEAC

L’organisation qui réunit les pays d’Afrique centrale s’est réuni à deux reprises pour statuer sur le cas du Gabon en quelques jours seulement. Quelles décisions ont pris les chefs d’Etats et de gouvernement à la suite des évènements du 30 août dernier ? décryptage.

Une situation totalement imprévue

Au lendemain de l’annonce de la destitution du Président Ali BONGO ONDIMBA le 30 août 2023 par les militaires gabonais réunis au sein du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), plusieurs réactions ont émané de pays et organisations internationales à travers le monde. Ainsi, dans la foulée de l’Union Africaine (UA), la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) s’était réunie en urgence dès le lendemain pour se pencher sur la situation du Gabon. Dans le communiqué final publié dans le réseau social X (ex-Twitter) le même jour, les chefs d’Etats et de gouvernements réunis en visioconférence avaient condamnés « fermement le recours à la force comme voie de résolution des conflits politiques et d’accès au pouvoir » tout en appelant à « prendre toutes les dispositions pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel ». Les dirigeants ont également désigné Faustin Archange TOUADERA le président centrafricain comme facilitateur pour engager des pourparlers avec les nouvelles autorités gabonaises.

Une prise de pouvoir pacifique des militaires

Il faut rappeler que c’est seulement la seconde fois que les militaires prennent le pouvoir au Gabon depuis son indépendance le 17 août 1960. Ce renversement de régime s’est non seulement fait sans la moindre effusion de sang mais a été adoubé par tous les acteurs politiques et la société civile gabonais. Les populations ont salué avec ferveur la prise de pouvoir par les militaires dont le chef de file le Général de brigade Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA est hissé au rang de héros national. En effet, face au risque de bain de sang certain que devait entrainer l’annonce de la victoire d’Ali BONGO ONDIMBA pour un troisième mandat présidentiel, les militaires gabonais, mus par un sursaut patriotique, n’ont eu d’autre choix que d’annuler le processus électoral dit frauduleux du 26 août 2023 et de mettre un terme à ce régime.

Après plus de 55 ans de pouvoir sans partage par les BONGO ONDIMBA père et fils, le peuple gabonais était prêt à tout au nom de sa liberté et pour la démocratie. C’est donc pour empêcher une crise qui aurait été pire que celles de 2009 et de 2016 que le haut commandement militaire a donc décidé de mettre en place une transition qui doit aboutir à la refonte des institutions républicaines et de la Constitution pour une véritable démocratie inclusive et apaisée. Malheureusement, certains Etats membres de l’organisation sous régionale CEEAC ne l’entendent pas de cette manière. En effet, sous forme de communiqué, le Tchad et la Centrafrique ont non seulement condamné le coup de force des militaires gabonais mais ont aussi appelé à un « retour à l’ordre constitutionnel ». Il faut rappeler que de tels communications émanant de pays dont l’histoire est aussi jalonnée de nombreux coups d’Etats a de quoi surprendre. Pour preuve l’actuel président Mahamat Idriss DEBY ITNO est à la tête d’une transition militaire instaurée à la suite de la disparition brutale de son père le Maréchal Idriss DEBY ITNO en avril 2021 en violation de la Constitution du Tchad…

Une session extraordinaire en présentiel à Malabo

Réunis en session extraordinaire à Malabo en Guinée Equatoriale le 4 septembre 2023 au moment même où le Général Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA prêtait serment en tant que Président de la transition, les chefs d’Etats et de gouvernement ont décidé que le Président Equato-guinéen Teodoro OBIANG NGUEMA MBASOGO assure la présidence tournante en remplacement d’Ali BONGO ONDIMBA qui avait pris la tête de la CEEAC le 25 février dernier. Ils ont également décidé de suspendre le Gabon « avec effet immédiat » de toutes les instances de la CEEAC et ce « jusqu’à nouvel ordre ». Le siège de l’organisation sera par ailleurs délocalisé de Libreville vers Malabo la capitale équato-guinéenne.

Une série de sanctions injustifiées

Ces sanctions totalement injustes mettent en évidence un manque d’équité de la part de ces dirigeants africains qui semblent être adeptes du « deux poids, deux mesures ». En effet, comment comprendre que le Tchad ne fasse pas l’objet de sanctions alors que le changement de pouvoir dans ce pays l’était en violation de l’ordre constitutionnel établi ? Une telle posture jette un sérieux discrédit sur cette organisation sous régionale quand on sait que les chefs d’Etats de Guinée Equatoriale, de la République du Congo et du Tchad sont arrivés au pouvoir à la suite de putschs militaires. Bon nombre de ces dirigeants sont également des adeptes des violations de leurs constitutions et des multiplications de mandats.

En prenant de telles sanctions, les chefs d’Etats et de gouvernement de la CEEAC ont délibérément choisis de ne pas tenir compte des aspirations du peuple gabonais qui par ailleurs soutient fermement ce qu’il considère comme une libération. Les dirigeants de la CEEAC une fois encore ont privilégié leurs propres intérêts à celui des peuples qu’ils sont censés représenter, tels un « club fermé » d’autocrates. Ces mesures montrent également une certaine fébrilité de la part de certains chefs d’Etats voisins qui se savent sur la sellette en raison du risque que représente désormais le modèle gabonais comme source de réappropriation de sa souveraineté et de sa liberté par son peuple à l’instar de ce qui s’est passé au Mali, au Burkina Faso, en Guinée-Conakry et au Niger. Le nouveau vent qui souffle sur le continent africain depuis 2021 et qui a traversé le Gabon à l’aube du 30 août 2023 est « enfin cet essor vers la félicité » que rien ne pourra arrêter, pas même des sanctions de la CEEAC ni de l’UA.

Jean Paul Augé OLLOMO

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