Magazine N°011 : besoin de top managers à la tête des collectivités locales
Les 3 et 10 février 2019, le Gabon a vécu au rythme des élections des maires et présidents des bureaux départementales. Le parti au pouvoir sort vainqueur de ces élections avec plus de 80% des localités qui seront désormais dirigées par ses élus.
Certes, les collectivités locales souffrent au Gabon du défaut d’application stricte de la loi N°15/96 du 6 juin 1996, relative à la décentralisation, quelques-unes ne jouissent pas moins d’une certaine autonomie de gestion. Les élus nouvellement entrés en fonction pourraient donc se servir, voire de renforcer les exemples existants pour répondre favorablement aux préoccupations quotidiennes de leurs administrés. À l’heure où de nombreux jeunes viennent d’accéder à la présidence des bureaux municipaux et départementaux, il leur revient, en effet, de convaincre par l’innovation. Cette innovation passe par la proposition d’un nouveau contrat social avec les populations de leur circonscription.
La première chose concerne la lutte contre l’insalubrité. Il trouve de nos jours sa source dans l’incivisme de nombreux compatriotes. Il faut de ce fait mener de véritables campagnes de sensibilisation à grande échelle et proposer des idées nouvelles pour permettre notamment la création d’activités génératrices de revenus. Sinon, comment prétendre promouvoir le tourisme si nos communes et autres collectivités ne travaillent pas pour rendre nos villes propres ?
La seconde action concerne la construction, voire l’entretien des infrastructures sociales. C’est le temps de la mise en place d’une véritable gouvernance locale, proche et préoccupée par les questions d’assainissement et d’hygiène, d’entretien des voiries, d’éducation, de la santé et du logement. Selon le RGPL-2013, le taux d’urbanisation au Gabon est de 87,1%, avec une population majoritairement jeune. Le fort taux de chômage chez les jeunes est une des conséquences de la montée de l’insécurité à Libreville et dans de nombreuses autres villes du pays. Les collectivités locales, aidées de l’État, doivent trouver des réponses à ce phénomène. La mise en place des plateaux sportifs dans les arrondissements et l’ouverture de bibliothèques municipales pourraient être des remèdes efficaces contre la délinquance juvénile.
La seule alternative crédible pour les nouveaux élus concerne l’amélioration des conditions de vie de leurs concitoyens. L’incapacité des acteurs politiques locaux à assumer leur charge par l’innovation est en partie responsable du désamour qui existe entre le peuple et l’État central. Il faut se réinventer et créer d’autres sources de revenus pour garantir le développement des communes et départements.
Séif Mostley, Rédacteur en chef