Groupe Castel : En Afrique, le recentrage passe aussi par la vente de ses moulins.

Conformément à sa « stratégie de recentrage sur son cœur d’activité » annoncée l’année dernière, le groupe français tentaculaire, numéro un de la bière en Afrique francophone est en passe de se séparer de ses moulins sur le continent où quelques repreneurs potentiels se sont déjà fait connaître. Concrètement, au Gabon, la Smag, filiale de la Société d’organisation de management et de développement des industries alimentaires et agricoles (Somdiaa), devrait donc bientôt avoir un nouveau propriétaire.

À l’image de la cession, mi-avril, de ses deux marques d’eau qu’il commercialisait depuis plus de vingt ans en Côte d’Ivoire, Cristaline et AWA, ainsi que l’usine qui les produit dans ce pays, Castel devrait également bientôt céder certains de ses actifs en Afrique centrale. Le groupe français aux 6 milliards d’euros de revenus au total, numéro un de la bière en zone francophone et leader dans la production de vin en France, souhaite se séparer de ses moulins à blé sur le continent, particulièrement au Gabon, au Cameroun et au Togo.

Cette volonté de mettre fin à certaines de ses activités jugées trop périphériques est connue depuis 2022. Le groupe qui, dans un communiqué annonçait déjà devoir mener une « stratégie de recentrage sur son cœur d’activité », souhaite en effet se concentrer sur la production et la commercialisation de ses propres boissons gazeuses, mais surtout sur la bière qui reste l’alcool le plus consommé en Afrique, avec 83 % des volumes de vente, selon la société d’analyse spécialisée IWSR. Ainsi, Castel, qui est également actif dans le sucre, l’alimentation animale et la farine, est en passe, selon le journal Le Monde, de finaliser cette année 2023 la vente de son activité d’embouteillage d’eau au Maroc, tout comme il envisage d’« aller vers » des transactions similaires au Burkina Faso, au Tchad, au Cameroun et au Bénin.

Plusieurs manifestations d’intérêt

Depuis les révélations d’Africa Business+ liées à ce projet de cession de ses infrastructures minotières dans quatre pays (Gabon, Cameroun, Togo et Congo) que le géant mondial du vin et des spiritueux n’a pas démenties, plusieurs industriels ont manifesté leur intérêt. Jeune Afrique présente Seaboard comme l’un des principaux candidats-acquéreurs. Déjà présent en Côte d’Ivoire (les Grands moulins d’Abidjan, GMA) et au Sénégal (les Grands moulins de Dakar, GMD), le géant américain, selon nos confrères, aurait fait une offre à 150 millions d’euros au groupe dirigé par Pierre Castel. Mais celle-ci n’aurait pas été acceptée. Avec un chiffre d’affaires global de 11 milliards de dollars, en hausse de 21 %, en 2022, le mastodonte originaire du Kansas n’a pas dit son dernier mot, d’autant qu’il y voit un moyen de parvenir à ses fins : faire un maillage de l’Afrique de l’Ouest l’Afrique centrale.

En attendant, d’autres investisseurs n’entendent pas laisser filer leur chance. C’est notamment le cas de certains hommes d’affaires réunis en coopératives qui voudraient bien voir les moulins de Castel rester sous le giron français. C’est ainsi que l’ancien patron de Somdiaa, Alexandre Vilgrain, et le fournisseur de blé suisse Ifaco seraient « en préparation», croit savoir Jeune Afrique. Seulement, beaucoup au sein de ces coopératives ne connaissent que très peu le marché africain en la matière.

Contrairement à eux, la société de négoce suisse Ameropa, fournisseur de céréales et d’engrais, déjà très actif sur le continent, lorgne-t-elle aussi du côté de Castel. Mieux, elle est dirigée par un Français, William Dujardin, ancien de Louis-Dreyfus et de Bunge. Ameropa a réalisé 10 milliards de francs suisses (environ 10 milliards d’euros) de chiffre d’affaires l’an passé, en hausse de 5 % en 2022.

À propos de la Smag

Filiale de la Somdiaa, la Société meunière et avicole du Gabon (Smag) est l’unique moulin du Gabon, situé à Libreville depuis sa création en 1968. L’infrastructure, qui revendique plusieurs centaines d’employés, dont une majorité de nationaux, est devenue un complexe meunier d’envergure au fil du temps, se dotant d’une usine d’alimentation animale. La société, numéro 1 de l’élevage au Gabon, produit et commercialise également des œufs et des poussins d’un jour pour alimenter le marché local.

 

Séif MOSTLEY

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