LE SYSTÈME BANCAIRE GABONAIS PRÉ-COVID, Une situation en demi-teinte.
Habituellement décrit comme un des plus sensibles aux événements et parmi les plus frileux du continent, sans nul doute à cause de sa jeunesse, le système bancaire gabonais a plutôt bien résisté au début de la crise sanitaire liée au nouveau coronavirus, dont le premier cas positif dans le pays a été déclaré le 12 mars 2020. 19 jours plus tard, au terme du premier trimestre de l’année, les chiffres compilés par la Direction générale de l’Économie et de la Politique fiscale (DGEPF) montraient pourtant une situation en demi-teinte, mais maîtrisée, qui confirment la solidité du système bancaire national.
L’administration placée sous la tutelle du ministère de l’Économie révèle en effet que si le total bilan des banques a baissé de 1,7% à 2 642,6 milliards de FCFA contre 2 688,5 milliards un an plus tôt, le taux de couverture des crédits par les dépôts est passé de 145,9% pour la même période l’an dernier à 147,8% en mars 2020, malgré une contraction de 2% des crédits bruts.
Les créances en souffrance quant à elles ont baissé de 21,1% pour s’établir à 179,8 milliards de FCFA. Pour la DGEPF, c’est évident : le système bancaire national a bel et bien confirmé sa solidité. En témoigne le tableau de l’évolution de la situation bilancielle ci-dessous.
Évolution de la situation bilancielle en milliards de FCFA)
LES OPÉRATIONS BANCAIRES
Les ressources collectées
Grâce aux hausses simultanées des montants disponibles dans les comptes à vue et les comptes de dépôts à régime spécial, les ressources collectées par le secteur bancaire gabonais ont progressé de 0,5%, soit la somme de 2 076,8 milliards de FCFA au premier trimestre 2020.
Sous l’effet des augmentations conjuguées des dépôts privés (+2,2%) et des dépôts des non-résidents (+30,7%), les ressources à vue ont quant à elles progressé de 14,8%, soit 1 420,3 milliards de FCFA. Ils ont représenté 68,4% du total des dépôts contre 59,8% à la même période l’année précédente.
Les comptes à terme et les comptes de dépôts à régime spécial, encore appelés « bons de caisse », qui constituent l’essentiel des ressources à terme collectées auprès de la clientèle, ont enregistré une baisse de 22,5%. Ils se sont en effet établis à 541,4 milliards de FCFA en mars 2020 contre 698,3 milliards en mars 2019. Ces ressources ont représenté 26,1% du total des dépôts collectés, précise la DGEPF.
À la fin du mois de mars 2020, les dépôts publics ont baissé de 5,8% à 102,8 milliards de FCFA. Ceux-ci ont représenté 4,9% du total des dépôts collectés contre 5,3% à la même période l’année précédente. En revanche, les dépôts du secteur privé non financier ont enregistré une hausse de 2,2% à 1 777,4 milliards de FCFA au cours de la période sous revue.
Évolution des ressources par type de compte
Évolution des dépôts par type de déposants
Évolution des dépôts par type de déposants
Dans ce marché concurrentiel peu compétitif, trois établissements publics sont en liquidation : la Banque gabonaise de développement (BGD), la Banque gabonaise de l’habitat (BGH) et PosteBank Gabon. Néanmoins, autour gravitent plusieurs établissements financiers : Finatra (filiale de BGFI), Finam, EDG, Alios Finance, Bicig-Bail (filiale de BICIG), etc.
Un classement élaboré par le ministère français de l’Économie montre qu’en février 2019, trois banques, BGFI Bank, BICIG et UGB, dominent le marché et concentrent plus de 75% des emplois. « Sur les 1 764 Mds XAF de crédits en février 2019, BGFI Bank concentre 40% des parts de marché, loin devant UGB (19%), BICIG (19%) et les quatre autres banques qui totalisent ensemble 22%. S’agissant du nombre de comptes ouverts dans les banques, la situation varie : UGB occupe la 1ère place avec 36% des comptes bancaires ouverts au Gabon, suivi de BICIG avec 28%, Ecobank (12%) et BGFI Bank qui ne revendique que 11% des comptes », décrivait l’administration.
Les crédits distribués. Plusieurs baisses enregistrées
En glissement annuel, les crédits octroyés au secteur privé et aux non-résidents ont connu des baisses respectives de 0,4% à 1 055,5 milliards de FCFA et de 1,1% à 35,9 milliards en mars 2020. Les crédits accordés au secteur privé ont représenté 69,1% du total des crédits contre 67,7% en mars 2019.
Ayant représenté 0,5% du total des crédits bruts, les crédits consentis aux entreprises publiques ont, eux aussi, connu une baisse de 40,1% à 8,2 milliards de FCFA à la fin du mois de mars dernier, contre 13,7 milliards un an auparavant.
Enfin, on note une hausse des opérations de crédit-bail dont l’encours s’élève à 17 milliards de FCFA en mars 2020 contre 15,6 milliards de FCFA le 31 mars 2019.