Figurant parmi les projets phares du Gabon, la Baie des Rois fait son bonhomme de chemin. Initialement pensé en 2011 sous l’appellation de requalification de la façade maritime du champ triomphal ou requalification du front de mer de Libreville, le projet s’ancre un peu plus dans le concret, depuis qu’il a été confié en 2015 à la Façade maritime du champ triomphal (FMCT), la filiale du Fonds gabonais d’investissement stratégique (FGIS). Selon la société d’aménagement en charge du développement dudit projet, trois phases de développement sont identifiables sur le site. La première est relative au gain d’espace sur la mer. La deuxième consiste à la viabilisation de la route et des réseaux. Et la dernière phase de développement quant à elle est liée à l’immobilier.

« Une société d’aménagement porte les deux premières phases de développement : la sécurisation du foncier et la viabilisation des terrains. Et ensuite, elle trouve les acteurs de la promotion immobilière pour construire les hôtels, des restaurants, les bâtiments, etc. », a souligné Emmanuel EDANE, directeur général de FMCT. Selon lui, l’un des objectifs des conducteurs du projet est de retravailler l’attractivité du centre-ville de la capitale gabonaise. « Ce type de projets est en concurrence avec d’autres sur le continent. Si on le construit, c’est pour attirer des entreprises, créer des emplois, créer de la valeur, créer des opportunités. Mais d’autres villes africaines font ça. Et quand vous discutez avec un hôtelier ou une entreprise qui va s’implanter, vous êtes en concurrence avec d’autres sites à Abidjan, Dakar, Casablanca. Si telle ou telle entreprise choisit de venir s’installer au Gabon plutôt qu’ailleurs, c’est à cause des conditions d’attractivité », a-t-il expliqué.

 

Depuis la reprise du projet en 2016, la Baie des Rois s’étend sur 40 hectares, dont la zone nord (face au Centre hospitalier universitaire mère-enfant Fondation Jeanne Ebori) d’une superficie de 12 hectares. « Il y a 5 ans, c’était la mer. Maintenant, nous sommes sur 6 mètres de sable, en plus de toute la route et les réseaux qui ont été faits. Tout ce qui est raccordement, routes et réseaux primaires, a été entièrement réalisé. Donc sur cette zone-là, la phase 1 de remblaiement sur la mer et la phase 2 de viabilisation ont été réalisées », a précisé Emmanuel EDANE.

Actuellement, le projet en est à sa phase 3 qui concerne notamment le développement immobilier, avec une forte connotation bois sur les bâtiments. Une manière de faire de ce lieu un reflet du programme « Gabon Vert ».

« Si on avait dû construire des bâtiments en briques, en verre, avec des structures en aluminium, il aurait fallu les climatiser et donc, continuer le stress énergétique. Car en réalité, ces matériaux ne sont pas faits pour l’Afrique centrale, mais pour l’Europe et l’hiver. Notre choix, c’est de dire : ‘‘le bois absorbe du CO2, et on crée un savoir-faire local’’. Tous les bâtiments que vous verrez dans les semaines et les années à venir, auront une composante bois. Or, le ‘‘Gabon Vert’’, c’est le bois. Et quant au côté architectural du projet, on souhaite qu’il y ait une identité », a justifié le patron de FMCT.

 

Si beaucoup pensaient que la Baie des Rois était destinée à être un lieu d’habitation, les responsables de FCMT ont vite fait de préciser que le projet offre la possibilité d’accueillir essentiellement des bureaux. « Le projet fait 40 hectares pour une quarantaine de bâtiments. Il s’en fera deux à trois par an, dépendamment de la capacité d’absorption du marché. Le projet sera développé entre 10 et 15 ans. Il faut que les bâtiments puissent répondre à la demande du marché de l’immobilier : on ne peut faire des bâtiments qui seront inoccupés. Dans Libreville, il y a plus de 100 000 m2 de logements qui sont occupés par des entreprises. La volonté est de construire des bureaux pour que ces entreprises les occupent et libèrent de la surface aux Gabonais, qui aujourd’hui doivent habiter à 20-25 km du centre-ville », a expliqué Emmanuel EDANE.

Dans le cadre du développement du projet, un peu moins de 20 milliards de francs CFA ont été injectés par la filiale du FGIS. « Depuis que le FGIS a repris le projet en 2016, il a injecté 15 milliards de francs CFA pour les travaux maritimes, les travaux des routes, les travaux des réseaux et la corniche. Et ces travaux-là se remboursent par la vente ou la location. Il faut donc que des gens viennent acheter, construire ou louer les terrains », a souligné Emmanuel EDANE qui prévient : « On ne peut pas avancer sur la phase suivante si on n’a pas progressé sur la précédente. Or, c’est la vente des terrains qui nous permettra d’aller de l’avant. Et lorsqu’on aura tout fait, la boucle sera bouclée : on aura récupéré notre investissement de départ. »

Par ailleurs, la Baie des Rois s’est davantage ancrée dans le concret avec l’ouverture de la Promenade Nord, le samedi 20 août 2022. La volonté affichée par les autorités était de permettre aux populations vivant ou de passage dans la capitale de « profiter du front de mer de Libreville, des activités autour de la Promenade et de se réapproprier le site ». Responsable de la communication du FGIS, Aunel LOUMBA présente d’ailleurs cette infrastructure comme « un lieu de vie des populations ». Depuis l’ouverture de cette Promenade longue de 1,2 kilomètre, le parcours est accessible au public dès 6 heures, pour différentes activités, telles que la visite des kiosques, la pratique du roller, le jogging, etc