L’AFRIQUE EN PROIE À LA SPÉCULATION FONCIÈRE DE SES TERRES AGRICOLES, Menaces ou opportunités ?

Le continent africain suscite un intérêt particulier pour ses immenses terres agricoles. Les dernières crises alimentaires poussent les pays riches à délocaliser leurs sites de productions agricoles vers les zones disponibles. Les pays africains sans ressources et avec une agriculture encore traditionnelle font encore face à des risques de malnutrition et d’insécurité alimentaire et sont donc fortement sollicités. Faut-il voir cette attraction comme une opportunité ou au contraire un danger ? Éléments de réponse.

Une crise alimentaire mondiale causée par la flambée des prix des denrées agricoles

Depuis le déclenchement de l’offensive russe en Ukraine, le monde entier fait face à des crises à la fois sécuritaire, énergétique, diplomatique, politique, économique et sociale. Cependant, celle qui fait peser la plus grande menace sur le continent africain est sans aucun doute la crise alimentaire. En effet, l’Afrique peine à satisfaire ses propres besoins en matière alimentaire et a donc recours aux importations des denrées pour y parvenir. Le conflit au cœur de l’Europe qui oppose deux des cinq principaux exportateurs mondiaux de céréales a des conséquences directes sur les cours de ces ressources vitales pour les populations africaines. En dépit d’une forte population rurale, de vastes étendues de terres arables disponibles et des conditions climatiques favorables, le continent africain reste en queue de peloton en ce qui concerne le développement agricole. Les populations africaines sont encore sujettes à la malnutrition et exposées à l’insécurité alimentaire.

Le continent africain sujet à la famine et à la malnutrition

En dépit du développement des techniques agricoles et de l’emploi des engins mécaniques, l’agriculture africaine reste encore traditionnelle avec des rendements insuffisants qui contraignent les États à importer massivement le riz ou le blé dont ils peinent à satisfaire la demande interne. Bien qu’employant beaucoup de main-d’œuvre, les investissements agricoles sont principalement orientés vers les produits d’exportation tels que le café, le cacao, le coton, l’hévéa ou l’huile de palme. Il faut également ajouter les problèmes structurels tels que le manque de routes reliant les sites de production aux zones de consommation, les prix des engrais et des machines agricoles hors de prix, l’absence de politiques de soutien aux agriculteurs, etc. En outre, les denrées agricoles qui entrent dans l’alimentation des populations locales sont peu prisées par les investisseurs qui sont principalement des entreprises à capitaux étrangers, des fonds d’investissement voire des États.

La récente crise alimentaire fait peser d’énormes pressions sur les prix des denrées agricoles. De ce fait, l’agriculture vivrière est devenue une priorité stratégique pour les pays qui souhaitent mettre leurs populations à l’abri d’une pénurie ou de risques alimentaires éventuels. Même les grands pays agricoles ont décidé de limiter leurs exportations pour privilégier leur consommation intérieure. Par conséquent, les pays n’ayant pas suffisamment de superficies disponibles pour doper leur production nationale se tournent donc vers l’extérieur pour accéder aux terres fertiles qui leur font défaut. Grâce au land-grabbing, les pays d’Asie du Sud ou encore les monarchies du Moyen-Orient obtiennent des concessions sur de très longues durées dans des pays tiers principalement en Amérique latine, en Europe centrale, Asie du Sud-est et en Afrique subsaharienne.

Un continent convoité pour ses terres agricoles

Selon une étude des données Land Matrix, l’Afrique subsaharienne est déjà en proie à cette pression foncière qui pousse les États à mettre d’immenses étendues de terre à la disposition d’investisseurs étrangers. Outre les industries pétrolières, minières et forestières, l’agriculture industrielle est le domaine qui fait l’objet d’importantes concessions depuis ces dernières décennies.

En effet, dès 1998, la Jordanie avait signé un accord allant dans ce sens avec le Soudan.

Depuis le début des années 2000, 4% de la République Démocratique du Congo, 8% du Cameroun et 15% du Libéria sont déjà sous concession étrangère. Le Gabon prévoit d’aménager 250 000 hectares pour les investisseurs étrangers. Les pays ayant acquis le plus de terre à l’étranger en 2022 selon l’ONG Grain sont la Chine, la Corée du Sud, les Émirats arabes unis et l’Arabie Saoudite.

Pour les pays investisseurs dont la disponibilité en terre ainsi qu’en eaux est limitée, il s’agit d’assurer leur sécurité alimentaire en créant d’autres sources d’approvisionnement que celles des marchés mondiaux y compris en répondant aux enjeux énergiques que représentent les biocarburants. Quant aux pays subsahariens ciblés par ces investissements, il s’agit d’attirer des capitaux en vue de la modernisation de leurs filières agricoles. En période économique de crise où l’on assiste à une diminution drastique des ressources financières liées à l’Aide publique au développement (APD), les pays africains les perçoivent comme une alternative aux bailleurs de fonds traditionnels. Mais de tels accords sont-ils vraiment des opportunités pour les pays africains ?

Une possibilité de modernisation de l’agriculture sur le continent

Pour que les pays africains en sortent gagnants et puissent développer durablement leur agriculture et en faire un véritable atout économique et social, il faudrait que les accords soient gagnants à la fois pour les investisseurs et les pays hôtes tout en respectant l’environnement. En effet, pour les investisseurs, les accords doivent porter sur le long terme afin de garantir la rentabilité de la production agricole délocalisée qui dépendra fortement de l’évolution du prix sur les marchés mondiaux. Pour les pays africains, ces accords devront tenir compte à long terme de la sécurité alimentaire et la préservation de l’environnement, la protection des populations autochtones notamment en ce qui concerne leurs droits fonciers pour d’éventuelles indemnisations.

Du fait des fortes tensions qui pèsent sur les cours des denrées agricoles, l’Afrique suscite de nombreux intérêts en raison des potentialités énormes qu’elle possède. En quête de ressources financières, techniques et technologiques pour développer son agriculture afin d’atteindre son autosuffisance alimentaire, le continent peut tirer d’importants bénéfices en attirant les bailleurs de fonds qui lui font cruellement défaut. Mais encore faut-il qu’elle puisse bâtir des politiques agricoles qui tiennent compte à la fois des intérêts des investisseurs pour leur permettre d’accéder à ses terres, mais aussi de la nécessité que cela se fasse pour le plus grand bénéfice de ses populations et de leurs environnements.

Jean Paul Augé OLLOMO

Bonjour ! Je suis Steven OBAME, Administrateur de la plateforme web Enoromi Magazine. Pour toute information complémentaire veuillez nous contacter sur infoenomag@gmail.com

Image

A propos de nous...

Le succès en communication réside dans la synergie entre différents moyens de passer le message et de faire connaître le produit. Individuellement, ces moyens ont tous une bonne efficacité, mais mis ensemble ils décuplent les résultats.

Contactez-Nous : infoenomag@gmail.com / +241.77.65.75.75

Newsletter

Recevez nos dernières informations dès leur publication