La politique est l’art de compromis, mais la véritable grandeur d’un homme se mesure à sa capacité à transcender les étiquettes et à incarner le changement. Depuis l’opération « Sauver la Nation » du 30 août 2023, une volonté s’est imposée : conduire le Gabon vers la félicité. Celle que le Général de Brigade Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA, président de la Transition devenu, voudrait inclusive pour toutes les forces vives de la Nation. Un « Coup de liberté ». Sans doute, une juste cause portée par cet homme autour duquel se cristallisent les espoirs d’un peuple malgré son treillis.

Si la conscience nationale se refuse désormais à employer l’expression « coup d’État » pour qualifier l’action militaire ayant conduit à la destitution d’Ali BONGO ONDIMBA, il n’empêche que le désormais « Coup de la liberté » a profondément bouleversé l’ordre constitutionnel. Ne dit-on pas que peu importe le mobile, l’arrivée au pouvoir par les militaires s’accompagne toujours d’un trouble de l’ordre établi ?

Au Gabon, le 30 août 2023, « les Forces de défense et de sécurité de notre pays ont pris leurs responsabilités en refusant le coup d'État électoral qui venait d’être annoncé par le Centre gabonais des élections à la suite d'un processus électoral outrageusement biaisé », sans heurts ni effusion de sang. Une situation rarissime sous les latitudes tropicales africaines. Au lieu d’avoir peur, le peuple exultait de joie. Il était en osmose avec l’armée pour la première fois depuis le coup d’État manqué de 1964.

Le Général de Brigade Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA, assidu lecteur de Nicolas MACHIAVEL, de bonnes fortunes se sert de cette adhésion du peuple pour travailler à la mise en place des institutions de la Transition, qui pourrait durer 24 mois. Malgré son treillis, il se positionne petit à petit comme un homme politique disposant des capacités et qualités requises pour conduire le Gabon vers la félicité, le temps rêvé par nos ancêtres.

Le contexte de la dernière élection présidentielle n’étant plus favorable à l’expression démocratique, il choisit avec ses troupes et les Forces de défense et de sécurité en général, d’être du côté du peuple gabonais et de la liberté. Conscient des attentes de ce peuple et de la communauté internationale, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) et son président managent habilement les nominations dans les instances de la Transition, en dehors de la Cour constitutionnelle, uniquement composée de civiles. Le reste des institutions est l’expression de l’habileté politique du président de la Transition à commencer par le gouvernement et le parlement.

L’équilibre entre militaires et civiles en leurs seins pourrait presque faire oublier que le CTRI, la plus haute institution de la Transition, est avant tout un organe entièrement contrôlé par les Forces de défense et de sécurité. Le jeu d’équilibre est également perceptible dans le choix du personnel politique entre la majorité, l’opposition et la société civile. Malgré la présence de douze ministres issus des rangs de l’ancien parti au pouvoir, le Parti démocratique gabonais, les membres de l’opposition et de la société civile sont au premier plan au palais Omar BONGO ONDIMBA et à l’Immeuble du 2-Décembre. L’unité dans la concorde et la fraternité guide inévitablement les choix du CTRI pour permettre l’atteinte des engagements politiques et socioéconomiques d’OLIGUI NGUEMA.

« Qui a la force a souvent la raison, en matière d’État », disait le Cardinal de Richelieu. Pour l’heure, le président de la Transition dont le parcours est fait d’une étroite relation avec le pouvoir se positionne davantage comme l’homme de la situation, capable de mener les réformes institutionnelles attendues pour le bien-être du peuple gabonais. Ce, dans un contexte où le peuple souhaite intimement rompre avec l’ancien régime. Au-delà de son gabarit militaire, il voit finalement en lui un homme d’État. Tiendra-t-il la promesse de la liberté à laquelle s’accrochent même les Gabonais qui avaient déjà perdu espoir ?

Séif MOSTLEY