« C’est enfin notre essor vers la félicité. » Cette phrase prononcée deux fois de suite dans le refrain de notre hymne national, La Concorde, est devenue la signature du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Elle conclut chacun de ses communiqués, y compris les discours officiels du président de la Transition, le Général Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA. Mais qu’est-ce donc « la félicité » à laquelle aspire tant le peuple gabonais qui semble en avoir été privé ces dernières années ?

Sous la coupe du colonialisme français jusqu’à son indépendance en 1960, le Gabon, par la plume et par la voix de Georges Damas Aleka, auteur-compositeur de La Concorde, sonnait déjà 63 ans plus tôt l’heure d’un mieux-être et d’un mieux-vivre pour ses compatriotes et lui-même. « Enfin », les Gabonais dans leur totalité et d’où qu’ils soient devaient connaître le bonheur, la sérénité et une paix durable. C’est du moins ce qu’ils espéraient. Ont-ils seulement expérimenté cette félicité ces six dernières décennies ? On est en droit d’en douter. La prise de responsabilités des forces de défense et de sécurité, le 30 août 2023, est d’ailleurs là pour témoigner de ce que les aspirations du peuple n’ont que très peu été entendues et traduites dans les faits. Dès lors, doit-on croire en l’ambition du CTRI ou s’agit-il d’un simple slogan ?

Serait-ce vraiment « enfin notre essor vers la félicité » ? « Le temps heureux rêvé par nos ancêtres » est-il véritablement en passe d’arriver chez nous ? Beaucoup y croient. On veut y croire. On en a les ressources.

« Nous allons nous atteler à donner à tous des raisons d’espérer à une vie meilleure », promettait le 4 septembre 2023 le Général Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA lors de la prestation de serment qui l’officialisait en tant que nouvel homme fort du Gabon. Pour ce faire, il s’était notamment engagé, aux côtés du gouvernement et du Parlement de transition, à mener des réflexions puis à œuvrer en vue de « changements profonds » dans la vie des Gabonais, dont certains n’en peuvent plus d’attendre.

Les questions d’approvisionnement en eau potable et en électricité, le chômage des jeunes et la santé sont autant de préoccupations exprimées depuis de longues années par les populations. Le CTRI, qui semble en avoir conscience, est vivement attendu sur le terrain des réalisations. Son chef de file a d’ores et déjà annoncé le rétablissement de la bourse pour les élèves du secondaire, le financement de l’économie nationale avec les partenaires locaux et les institutions financières locales, le règlement de la dette intérieure et le paiement des pensions des retraités. C’est déjà un bon début vers « notre essor vers la félicité ».

Dorine Henry M., Directeur de publication

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