Magazine N°008 : L’agroalimentaire, une niche à développer
Je parcourais récemment le site www.howwemadeitinafrica.com et à la lecture des différentes success stories qu’on y met en exergue, un profil a attiré mon attention : Monica Musonda, l’ex – avocate de l’homme le plus riche d’Afrique, le Nigérian Aliko Dangote.
Ce qui m’a certainement poussé à chercher à en savoir un peu plus sur elle n’était pas nécessairement en rapport avec le milliardaire nigérian, mais le fait qu’elle est devenue « une entrepreneure à succès ». C’est alors que j’ai découvert qu’après avoir été de 2008 à 2011, directrice juridique et commerciale du groupe Dangote, elle fut promue au poste de conseillère juridique. Cependant, l’avocate choisira de s’engager dans l’entrepreneuriat. Elle jeta de ce fait son dévolu sur l’agroalimentaire. Ainsi, elle créera, en 2011, la Java Foods, dont elle est la Manager général. Son produit phare est «eeZez», une marque locale de nouilles zambiennes, dotée aujourd’hui d’une réputation internationale.
Comment une telle conversion, de surcroît celle d’une avocate dans l’agro-industrie, ne peut – elle pas intéresser ? Le Gabon a une balance commerciale déficitaire en raison de sa forte dépendance à l’extérieure. En mai 2018, le gouvernement a reconnu importer près de 1,5 milliard de dollars de denrées alimentaires chaque année. Ce qui équivaut à une note globale de 824 milliards de francs CFA par an. Pourtant, des exemples de réussite dans le secteur agricole, on en compte plusieurs sur le continent africain, quel qu’en soit le niveau dans la chaîne de production. Le Gabon gagnerait à mettre sur pied, une réelle politique de soutien au secteur agricole.
Certes, l’Etat a lancé en 2014 le Programme Graine, mais après quelques années et malgré le lancement de la seconde phase, il est difficile d’avoir une bonne lecture des espoirs placés en lui. Or, entre temps, de nombreux Gabonais s’emploient de plus en plus à occuper le secteur de la transformation. On peut citer Cédric Békale avec Exodélice, Jessica Allogo et ses célèbres Petits Pots de l’Ogooué, Terroir G et bien d’autres acteurs du Marché agricole d’Akanda.
Investir dans l’agroalimentaire ou l’agroindustrie concède un double avantage : financier mais également en termes d’emplois. Il serait donc opportun d’accorder au génie gabonais la chance de prouver que « la terre ne ment pas », notamment en encourageant les institutions financières à accompagner les acteurs du secteur afin que nous comptons des Monica Musonda en grand nombre dans le pays.
Séif Mostley, Rédacteur en chef