Magazine N°006 : La nouvelle école que nous que nous voulons
La tendance est désormais orientée sur une question centrale, de quelle école voulons – nous ? Aussi bien les politiques, les citoyens que les pédagogues, chaque compartiment de notre société s’intéresse de plus en plus au but final de l’apprentissage scolaire au XXIe siècle. L’idée, d’une révolution dans l’éducation, trouve son origine dans son potentiel d’adaptabilité aux défis actuels.
Il faut croire que ce n’est nullement une vue de l’esprit que de rappeler les évolutions et les transformations sociales, économiques politiques voire individuelles, qui commandent une réorganisation des missions de l’école. Ainsi, quelle pourrait être la nouvelle école que nous voulons ? Dans l’interview qu’il a accordé au mensuel Sciences Humaines n°299, en binôme avec Jean – Michel Blanquer, Edgar Morin préfigure un triptyque pour définir les nouvelles missions à assigner à l’école. « L’école doit concilier trois missions fondamentales : anthropologique, civique, nationale. Anthropologique, car non seulement la culture doit parachever l’humanisation de l’enfant, mais elle doit aussi aider chacun à développer le meilleur de lui-même, l’être humain étant capable du meilleur comme du pire, de s’abaisser ou de s’élever. Civique, car il s’agit de former des citoyens capables à la fois d’autonomie individuelle et d’intégration dans leur société. Nationale, car l’école doit contribuer à améliorer la qualité de vie et de pensée de la société » déclare – t – il. Dès lors, la nouvelle école doit construire l’homme social et citoyen. De cette ambition, le Gabon, qui est à la croisée des chemins, surtout après l’aveu du Chef de l’Etat du 16 août 2018: « Notre système éducatif est en panne », doit pouvoir travailler à la transformation de son système éducatif. Il ne s’agit pas d’accorder plus de place à la formation technique et professionnelle comme on l’entend à travers de nombreux discours, mais plutôt de trouver un équilibre entre la valorisation des sciences humaines et l’investissement dans l’adéquation formation – emploi. Le chemin de l’industrialisation sur lequel le pays est engagé depuis bientôt une décennie ne doit pas consister à lui « opposer les missions historiques de l’école » comme le souligne Jean-Michel Blanquer. Elles sont nécessaires dans la construction des connaissances et des compétences de base de l’apprenant. Elles servent également dans l’enseignement de la lecture, de l’écriture et du respect des autres. La stratification des niveaux d’éducation implique la prise en compte de la mise en place d’une approche culturelle sans lien avec le souci de générer des bénéfices. Car, l’école ne saurait mettre en avant le seul besoin de satisfaire aux exigences d’un métier. Elle doit être un tout, un tout homogène et transversal pour offrir à la Nation une élite consciente des défis professionnels ou techniques mais également culturels voire sociaux.
Le problème majeur, qui est préoccupant dans le secteur éducation au Gabon, concerne les capacités d’accueil, ce sur l’ensemble de la chaîne éducative. Des infrastructures insuffisantes responsables des effectifs pléthoriques auxquels s’ajoute un déficit en outils didactiques et pédagogiques ; une mauvaise gestion des ressources humaines ; une gouvernance scolaire approximative, un budget insatisfaisant... autant d’éléments qui ne peuvent pas trouver des réponses définitives le temps d’une « task force ».
La nouvelle école que nous voulons, doit former l’homme et l’employé mais surtout le citoyen. L’enseignant n’y sera qu’un guide, qui coordonne les activités pédagogiques dans la salle de classe, oriente les élèves en apportant des éléments pertinents grâce à sa maîtrise des connaissances et ouvre leur entendement vers de nouvelles perspectives.
Séif Mostley, Rédacteur en chef