PÉNURIE DE SUCRE, D’où vient le problème ?

Rétention volontaire des stocks dans le but d’en augmenter le prix et laisser libre cours à la spéculation ? Conséquence des ennuis enregistrés sur le chemin de fer ? Difficultés dans la production ? La rareté du sucre perceptible depuis fin avril à Libreville et dans plusieurs autres localités du Gabon pose question. Si les détaillants assurent n’y être pour rien, d’autres opérateurs à l’instar de la Société d’exploitation du Transgabonais (Setrag) déclinent eux aussi leurs responsabilités dans cette pénurie qui impacte déjà plusieurs ménages. Que dit Sucaf Gabon ?

Mais où est donc passée ‘‘Princesse Tatie’’, « la première marque de sucre panafricaine » produite au Gabon par la société Sucrerie africaine (Sucaf), filiale du groupe agroalimentaire Société d’organisation de management et de développement des industries alimentaires et agricoles (Somdiaa) ? Depuis plusieurs semaines, il est rare d’en trouver dans les rayons des magasins et même dans les supérettes des quartiers de Libreville et de nombreuses autres localités du pays en dehors de la province du Haut-Ogooué. Conséquence inévitable de cette pénurie : le paquet de 1kg n’est désormais plus accessible au consommateur en deçà de 1 500 ou 2 000 FCFA, alors que le prix homologué est de 925 FCFA. Au moment où la situation tend à s’éterniser sans qu’aucune solution ne soit véritablement envisagée pour y remédier, les deux partenaires, Setrag et Sucaf Gabon, se rejettent la faute

DES PROBLÈMES LOGISTIQUES ?

S’il reconnaît en elle un partenaire fiable depuis son installation au Gabon, Sucaf Gabon ne dément pas non plus l’apport de Setrag dans l’atteinte de ses objectifs. L’exploitant du chemin de fer gabonais lui permet en effet d’acheminer plus de 900 conteneurs de sucre par an depuis son usine de production de Franceville, dans la province du Haut-Ogooué, jusqu’à Libreville où elle compte la plus grande part de ses clients. Chez nos confrères du quotidien L’Union, Donald OLLO NGUEMA, directeur commercial et Marketing de Sucaf Gabon, indiquait d’ailleurs, il y a quelque temps, que Setrag effectuait 75% des opérations de remontée du sucre vers la capitale, le reste s’effectuant par voie terrestre. Mais ces dernières semaines, les problèmes à répétition enregistrés sur la voie ferrée semblent avoir rendu la filiale gabonaise de Somdiaa quelque peu bougonne.

Dans une interview accordée au journal Le Confidentiel, Chrisos LONGHO soutient que la pénurie de sucre observé à travers le pays est essentiellement due à des problèmes logistiques. « Cette pénurie est localisée. C’est une pénurie que l’on retrouve réellement en dehors de la zone de production qui est celle du Haut-Ogooué. Pourquoi ? Mais l’explication est toute simple. Aujourd’hui, nous ne disposons pas de moyens d’acheminement du sucre à l’intérieur du pays et à Libreville. Le sucre produit à Wole, dans le Haut-Ogooué, est acheminé à Libreville et dans le reste du Gabon par voie ferrée et par la route. C’est un secret de polichinelle que de savoir aujourd’hui que la voie ferrée a été suspendue. On nous a annoncé une reprise probable de cette voie ferrée, en ce qui concerne la marchandise. Mais encore faudrait-il que Setrag puisse nous donner la possibilité d’évacuer les conteneurs qui sont aujourd’hui sur les plateformes », affirme le directeur général de Sucaf Gabon, mettant clairement en cause son partenaire, l’accusant de détenir ses stocks de sucre

SETRAG RÉFUTE

À la suite des accusations portées par son partenaire Sucaf Gabon, Setrag n’a pas eu d’autres choix que de répondre. La filiale gabonaise du groupe Eramet a assuré n’être en rien responsable de la situation de pénurie de sucre vécue depuis des semaines en dehors du Haut-Ogooué. Si elle reconnaît des soucis d’ordre technique liés notamment aux incidents survenus sur le chemin dès décembre 2022, la société de transport ferroviaire assure que depuis le 4 mai 2023, date de la reprise du trafic sur la voie ferrée, toutes les commandes de transport reçues des logisticiens de Franceville à Owendo ont été satisfaites sans exception.

« Setrag ne peut donc assumer la responsabilité d’une quelconque rupture de sucre, la distribution dans les surfaces de vente ne relevant pas de notre champ de compétence », a réfuté face à la presse Ginette LALET, directrice commerciale, avant d’ajouter : « Au moment où je vous parle, il n’y a pas de stock de sucre en souffrance dans les gares, que ce soit à la gare de Franceville ou la gare de Moanda. Nous n’avons pas de stock de sucre à transporter, donc on ne peut pas dire que c’est de la responsabilité de Setrag ! »

Mais Ginette LALET a également tenu à expliquer : « Nous sommes liés contractuellement aux logisticiens et non aux producteurs, si l’on prend le cas du sucre. Le sucre est produit par une entreprise, cette entreprise a un contrat avec un logisticien, et nous avons le contrat de transport avec le logisticien. Nous avons fait une démarche proactive pour voir si on pouvait travailler directement avec le producteur, ça n’a pas abouti. »

Au siège social de Setrag à Owendo, on informe en outre qu’une commande de 10 wagons dédiés au transport des intrants servant à la production du sucre est arrivée à Moanda courant mai 2023. 11 autres wagons, soit 33 conteneurs, sont partis d’Owendo le 29 mai pour Moanda. Ce qui aurait permis de transporter 57 conteneurs durant ce mois de mai.

DES VISÉES SPÉCULATIVES ?

Dans sa même interview au Confidentiel, Chrisos LONGHO a également affirmé que la pénurie de sucre actuelle pourrait aussi avoir « une raison subsidiaire » qui ferait intervenir cette fois certains détaillants peu scrupuleux.

« La raison secondaire est que certains commerçants profitent de la rareté du produit pour faire de la spéculation. Lorsque nous remontons une centaine ou une cinquantaine de tonnes, certains commerçants n’écoulent pas le produit sur le marché pour ensuite faire de la spéculation en augmentant le prix du sucre. Ce phénomène, nous ne pouvons pas le combattre, car ce n’est pas notre rôle. C’est le rôle de l’administration de veiller à ce qu’il n’y ait pas de spéculation sur le sucre. Nous avons déjà eu l’occasion de le signifier à plusieurs reprises : les augmentations constatées sur le sucre qui vont jusqu’à 1 500 ou 1 700 FCFA, comme on le signale, ne dépendent pas de Sucaf Gabon, mais des spéculations. C’est la mission de la DGCC (Ndlr : Direction générale de la consommation et de la concurrence) parce que le prix du sucre est fixé par l’État. Sucaf ne dispose pas de la liberté de fixer le prix de son sucre. À partir du moment où le prix du sucre est fixé par l’État, c’est donc à l’État de faire le gendarme pour que le prix qui nous a été imposé soit appliqué par tout le monde. »

Au Gabon, 65% du sucre produit par Sucaf est réservé aux ménages. 35% de la production est acheminé auprès des industriels, pour des activités agroalimentaires diverses : fabrication des boissons gazeuses, industrie laitière, chocolaterie, etc.

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