CAFÉ-CACAO, Quelles ambitions pour le Gabon ?

Plusieurs experts et de potentiels investisseurs étrangers se sont réunis du 1er au 2 mars à Libreville, à l’occasion du One Forum Summit. Conscientes de la difficile situation du secteur café-cacao, quasiment inexistant à ce jour, les autorités gabonaises ont profité de l’atelier consacré à l’agroforesterie et particulièrement axé sur le revenu décent des producteurs exerçant dans le domaine des industries du café-cacao pour décliner leurs ambitions en la matière.

UN SECTEUR « ABANDONNÉ » DEPUIS LONGTEMPS ?

L’atelier sur l’agroforesterie et le revenu décent des producteurs organisé dans le cadre du One Forest Summit de Libreville au début de ce mois de mars était particulièrement axé sur «les industries du cacao et du café ». D’entrée de jeu, prenant la parole à la faveur de l’ouverture des travaux, le ministre gabonais en charge de l’Agriculture, s’est voulu honnête, reconnaissant que « notre pays, le Gabon, à proprement parler, n’a pas d’industrie dans le secteur café-cacao ». Si Charles MVE ELLAH n’a également pas manqué d’assurer de la volonté de l’État gabonais de mettre en place une véritable industrie, les chiffres liés au secteur montrent que celui-ci est quasi inexistant, comme abandonné après avoir connu un certain succès, notamment dans la province du Woleu-Ntem.

Intervenant dans la revue Géoéconomie (n°70), Léon-Paul N’GOULAKIA reconnaissait déjà, en mars 2014, que « les filières du café et cacao ont été peu à peu délaissées » au fil des trois dernières décennies. Alors directeur général de la Caisse de stabilisation et de péréquation (Caistab), il rappelait notamment que plus de vingt ans en arrière, notre pays produisait 3 000 tonnes de café et 7 000 tonnes de cacao. Dans les années 2010, la production nationale a enregistré une forte chute pour s’établir à 200 tonnes de café et 600 tonnes de cacao. L’ancien responsable évoque dans son article trois principales raisons à cette dégringolade : la faible rentabilité du secteur, le vieillissement des planteurs et celui des plantations, l’abandon des producteurs à eux-mêmes.

Pourtant, au moment où les deux filières étaient véritablement prises en compte, dans les années 1970/71, une enquête de l’ancien Bureau pour le développement de la production agricole (BDPA) datant de 1980 avait démontré que les revenus des producteurs étaient assez décents pour cette époque, avec des revenus annuels dépassant généralement les 200 000 FCFA par exploitation, pour le cacao. Certaines exploitations pouvaient atteindre les 400 000 FCFA par an, particulièrement dans le Woleu-Ntem ; ce qui représentait environ 50% des ressources totales d’un ménage d’agriculteurs. « Ces revenus ont permis de financer la construction de maisons ‘en dur’, couvraient les dépenses de santé et à caractère social, mais surtout ont permis d’assurer la scolarisation des enfants. Les ‘enfants du cacao’ du Woleu-Ntem étaient au lycée de Libreville parmi les plus aisés », s’était, remémoré en 1999, l’étudiant Jean-Luc BATTINI dans son mémoire de fin d’études de DESS en Économie rurale et Gestion des entreprises agroalimentaires.

Aujourd’hui, les choses sont bien différentes. Mais les autorités gabonaises ont bien l’intention d’y remédier pour permettre au café et au cacao de nourrir parfaitement leur homme, tout en ayant un impact positif dans l’économie nationale. Et elles ont tenu à l’exprimer lors de ce OFS coorganisé avec l’État français qui se ravitaille en grande partie en Côte d’Ivoire.

LA RELANCE DE LA FILIÈRE SE PRÉPARE

« Nous sommes en train d’essayer de relancer ce secteur », a indiqué Charles MVE ELLAH, précisant qu’il s’agit d’une des principales instructions du président de la République, Ali BONGO ONDIMBA, dans le cadre de sa politique de diversification de l’économie. Avec moins d’une centaine de tonnes de café produite, en 2016, pour un rendement moyen de 308 kg à l’hectare, et environ 500 tonnes de cacao en 2015 pour un rendement moyen de 453 kg à l’hectare, la filière café-cacao a véritablement besoin d’un coup de boost. Et pour ce faire, en 2023, le gouvernement affirme avoir «décidé d’inverser la tendance » en créant plus d’emplois ciblant particulièrement les jeunes.

Ainsi, le Gabon, qui ambitionne de réduire de 50% les importations alimentaires, a donc à cœur de relancer la filière café-cacao et entend s’appuyer pour cela sur un plan national d’affectation des terres. Celui-ci, a garanti le ministre de l’Agriculture, « assure un usage plus efficace des terres, une préservation de la forêt et des zones riches en biodiversités dans le cas de la déclaration de l’acte de Glasgow sur les forêts et l’utilisation des terres adoptées en 2021 à la COP26 ».

« Après des études écologiques, des enquêtes socio-économiques menées par la commission technique du climat et des études d’impact environnemental et social, a-t-il informé, une zone de 87 000 hectares a été affectée aux activités d’agroforesterie tandis que d’autres espaces représentants plus de 1 000 hectares ont été dédiés à la culture du café et du cacao, conformément à l’exécution du Plan d’accélération de la transformation de l’économie (PAT). L’objectif est de produire 3 000 tonnes à l’horizon 2025. Pour y parvenir, le Gabon lancé en 2020 le projet des jeunes entrepreneurs café-cacao qui a déjà permis la mise en place de 516 hectares supplémentaires. La superficie plantée devrait atteindre 1 000 hectares d’ici à 2025. »

UNE « VIEILLE » AMBITION

Pour parvenir à ses fins et ainsi parvenir à la création d’une véritable industrie café-cacao, les autorités gabonaises n’entendent pas faire l’impasse sur la préservation de la forêt. Le gouvernement annonce en effet la mise en place des plantations sous ombrages pour permettre à au moins 30% des arbres d’échapper à l’abattage. « Pour plus de rentabilité, il sera privilégié l’installation des cultures en interligne du fruitier et du vivrier. L’utilisation de ces techniques agroforestière permettra de conserver durablement les sols et d’entretenir une certaine biodiversité comme vous le constatez », a précisé lors de son intervention Charles MVE ELLAH.

Toutefois, si la vertu et les ambitions du Gabon ne sont pas nouvelles, il convient de rappeler qu’entre les années 2005 et 2010, le pays avait initié un plan de relance de filière café-cacao. À l’époque, le but était déjà de réduire la facture des importations alimentaires et fixer les populations dans leurs différentes circonscriptions en vue de réduire l’exode rural. En mars 2011, à la faveur d’un Conseil des ministres délocalisé à Makokou, le chef de l’État Ali BONGO ONDIMBA avait lui-même annoncé une relance de la production de cacao dans différentes régions du Gabon à travers la réhabilitation de vieilles exploitations abandonnées et la création de nouvelles. La province du Haut-Ogooué avait été choisie pour servir de laboratoire, et le projet confié à la Caistab.

À la suite de cette annonce, la structure avait annoncé à son tour l’ambition de produire plus de 3 000 tonnes (1 300 tonnes de café, 2 000 tonnes de cacao) avec une amélioration des conditions de vie de planteurs au cours des sept prochaines années suivant la décision du président de la République. Basé à Amsterdam, le Fonds commun pour les produits de base (FCPB) avait d’ailleurs permis de débloquer, en septembre 2007, deux millions de dollars pour financer un projet de production de café robusta haut de gamme, s’en souvient le patron de la Caistab d’alors.

Si le Gabon produit à ce jour un des meilleurs cafés robustas de la sous-région de l’Afrique centrale (le Café Alanga, disponible dans les grandes surfaces), pour la relance effective de la filière, beaucoup reste à faire. Cela passe notamment par « l’augmentation du budget alloué à ces deux filières dans les différentes administrations dont elles relèvent, l’amélioration des moyens logistiques des planteurs et des conditions de vie des populations rurales, la formation des jeunes agriculteurs aux métiers de la culture du café et du cacao »

Griffin ONDO

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