ALI BONGO ONDIMBA, L’OFFENSIVE DIPLOMATIQUE ET ÉCONOMIQUE

S’il y a des faits qui sont analysés avec beaucoup d’intérêts par les observateurs de la vie politique gabonaise, ce sont bien les activités du Président de la République Ali BONGO ONDIMBA. A quelques de mois des élections présidentielles de 2023 qui verront le chef de l’Etat en exercice remettre en jeu son mandat au suffrage des gabonais, ses soutiens utilisent ses moindres faits et gestes pour bien montrer aux opinions nationales et internationales que le Président Ali BONGO ONDIMBA est bien aux manettes du pays et qu’il entend jouer son rôle jusqu’au terme de son mandat. Il est vrai que depuis son accident de santé en octobre 2018, les opposants guettent tous les signes qui pourraient montrer une incapacité de l’actuel locataire du Palais de la Rénovation à exercer pleinement ses fonctions constitutionnelles. Mais visiblement cela n’a pas d’effet sur l’agenda du chef de l’exécutif qui multiplie les déplacements tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger.

C’est le cas lors du déplacement à Londres le 17 octobre 2022 lors de la cérémonie spéciale de la levée du drapeau gabonais à Marlborough House, siège du Commonwealth. Cet évènement marquait la fin du processus d’adhésion au sein de l’organisation qui regroupe des Etats en majorité des anciennes colonies britanniques dont le Gabon devenait officiellement le 55ième Etat membre et 19ème pays africain. Il faut se rappeler que la Gabon avait posé sa candidature en mai 2021 au Commonwealth après que cette organisation ait accordé son aval en raison de son respect de ses critères d’adhésion. Lors du Sommet de Kigali du 25 juin 2022, le Gabon était officiellement admis au sein du Commonwealth. Au cours de ce déplacement au Royaume-Uni, le président Ali BONGO ONDIMBA s’est entretenue avec madame Patricia Scotland KC, secrétaire générale de ladite organisation. Il a ensuite été reçu en audience par le nouveau roi Charles III qui a pris la succession de la Reine Elisabeth II décédée le 8 septembre 2022. Durant cet entretien en tête à tête, les 2 chefs d’Etat ont fait le bilan des excellentes relations qui ont toujours existé entre le Gabon et la Couronne britannique.

L’adhésion à cette organisation internationale cadre avec la volonté sans cesse affichée du président Ali BONGO ONDIMBA de multiplier les partenariats stratégiques et permettre ainsi au Gabon de nouer de nouvelles alliances. Le choix n’est pas anodin non plus car le chef de l’Etat gabonais aime non seulement manier la langue de Shakespeare mais le Commonwealth représente un poids économique considérable. En effet, c’est d’abord un marché de plus de 2,5 milliards d’habitants soit un tiers de l’humanité. Le Gabon pourra accroitre ses échanges grâce aux avantages accordées aux importations/exportations. Ensuite les modalités d’investissement au Gabon seront plus accélérées dans le cadre des relations privilégiées que les autorités gabonaises entretiendront avec les autres pays membres. Il faut se rappeler que des géants mondiaux tels que l’Inde, l’Angleterre, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande représentent d’énormes investisseurs potentiels pour le Gabon. De même que les conditions d’obtention de visas seront considérablement allégées dans le cadre de la mobilité des entrepreneurs, des touristes et des étudiants.

Dans le même ordre, l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques et de la Poste (ARCEP), le régulateur des télécoms au Gabon, a officiellement intégré l’Organisation des télécommunications du Commonwealth (CTO). Le conseil d’administration qui s’était réunie le 29 septembre 2022 à Bucarest en Roumanie avait fait de l’ARCEP la première institution publique gabonaise à adhérer au sein d’une organisation spécialisée du Commonwealth.

Autre destination effectuée par le président gabonais à l’extérieur, les Emirats Arabes Unis (EAU). Le chef de l’Etat Ali BONGO ONDIMBA a rencontré les autorités de l’émirats pétrolier à Abu Dhabi en tête desquelles le président Mohamed Bin Zayed Al Nahyane. Les Emirats Arabes Unis et le Gabon sont tous les 2 des pays producteurs de pétrole membres de l’OPEP, la plus importante organisation regroupant des pays producteurs et exportateurs d’or noir du monde. Selon la communication présidentielle, « les deux Présidents ont examiné́ les axes prioritaires de coopération entre leurs pays respectifs et les différentes opportunités d’investissements au Gabon dans les secteurs de l’agro-business, les infrastructures, les mines et les hydrocarbures ». Ce déplacement avait une haute valeur économique puisque le chef de l’Etat était accompagné du ministre de l’Economie et de la Relance Nicole Janine Lydie ROBOTY épouse MBOU, du Directeur Général du Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS) Akim DAOUDA, du Directeur Général de l’Agence Nationale de Promotion des Investissements (ANPI) Ghislain MOANDZA MBOMA ainsi qu’une forte délégation d’hommes d’affaires gabonais.

Les Emirats Arabes Unies sont l’économie la plus solide du Golf arabique, la 2ème après l’Arabie Saoudite selon le FMI. Les ressources économiques proviennent principalement de la rente pétrolière à Abu Dhabi et du dynamisme de Dubaï notamment dans les secteurs des services comme l’immobilier, le tourisme et du commerce. Pour 2022, le PIB devrait connaitre une croissance aux alentours de 6% grâce aux cours des hydrocarbures. Le Gabon espère capter à terme une partie des investissements de la Abu Dhabi Holding (ADQ), le fonds souverain qui gère environ 110 milliards de dollars d’actifs dont près de 30 millions (soit 20 milliards de Francs CFA) ont déjà été investis sur le continent africain. Pour cela, les dirigeants gabonais ont d’abord présenté le cadre réglementaire en matière d’investissement au Gabon mais également souhaité un accompagnement des EAU dans différents secteurs à savoir agricole avec la production de poulet de chair et de viande bovine, les mines et le gaz et aussi les infrastructures numériques, énergétiques, routières et logistiques.

A cette occasion les autorités gabonaises et émiratis ont signé un mémorandum d’entente. Le premier point dans cet accord est l’octroi de 5 bourses d’étude du gouvernement des EAU au Gabon. Dès son entrée en vigueur, les conditions relatives au bénéfice desdites bourses feront l’objet de discussions préalables entre les 2 Etats-parties. Ensuite il y a l’exemption de visas aux ressortissants des 2 pays. Concrètement, les citoyens gabonais détenteurs de passeports diplomatiques et de service et les citoyens émiratis détenteurs de passeports diplomatiques et spéciaux sont exemptés de visa d’entrée et bénéficieront d’un séjour à l’arrivée de 90 jours maximum sur le territoire de l’autre Etat. Enfin un accord visant à inciter les investissements à venir des EAU au Gabon à travers la signature de l’accord de protection des investissements et celui de la non double imposition. Des entités compétentes ou des points focaux seront désignés par chaque pays pour suivre l’exécution et la gestion du mémorandum d’entente. La partie émiratie a en outre accepté une invitation prochaine à Libreville des autorités gabonaises afin de voir concrètement les possibilités de mise en œuvre de ces différents projets.

Au regard de tous ces résultats, il va sans dire que ces déplacements à l’étranger ont été un véritable succès sur les plans diplomatique et surtout économique pour le chef de l’Etat Ali BONGO ONDIMBA. Ses efforts lui ont encore une fois permis d’être à la hauteur des enjeux du moment. Dans cette dynamique, le chef de l’Etat gabonais a aussitôt repris son bâton de pèlerin avec cette fois un déplacement à l’intérieur du pays à Mouila, chef-lieu de la province de la Ngounié. Nul doute que le Chef de l’Etat gabonais, probable candidat à sa réélection, montre qu’il tient bien les rênes du pays, n’en déplaise à ses détracteurs.