TCHOUINDO AFANE EDOU, Entrepreneur et militant du développement durable.

TCHOUINDO AFANE EDOU, Entrepreneur et militant du développement durable.
Une enfance passée au village auprès de sa grand-mère, Tchouindo AFANE EDOU, de condition modeste, a un parcours empreint d’abnégation et de courage. Ayant pour leitmotiv l’envie d’aider sa mère en situation de chômage, à s’occuper de sa fratrie, il a fait des petits boulots durant les années passées au secondaire à Oyem et plus tard à Libreville après l’obtention de son baccalauréat série B. Grâce à sa détermination, il a bouclé deux cursus universitaires au même moment. Aujourd’hui, il est le patron de plusieurs petites entreprises.
ENOROMI MAGAZINE : AFANE EDOU Tchouindo, rappeur, animateur radio et aujourd’hui entrepreneur, présentez-nous votre parcours.
Tchouindo AFANE EDOU
Je suis un enfant du village. J’y ai grandi aux côtés de ma grand-mère. Naturellement, j’y ai fait toute ma scolarité primaire, à l’École Publique d’Abam-Andock. C’est après l’obtention de mon CEP et mon concours d’entrée en sixième que j’ai rejoint ma mère à Oyem. Très tôt, j’avais réalisé que vivre en ville n’était pas une équation facile. Au village, il suffisait d’aller derrière la maison pour trouver quoi manger. En ville, tout avait un prix et on n’avait rien gratuitement. Avec une mère au chômage et avec cinq bouches à nourrir, la solution qui s’est imposée à moi et à mon aîné a été de chercher des petites bricoles. En parallèle avec ma scolarité, je mettais les après-midis et les week-ends à profit pour faire aide-maçon, laveur de voitures ou vendeur de bananes. Tout ceci en m’appuyant sur une expression que ma grand-mère aimait nous répéter : « fame é se mong » (un homme n’est pas un enfant), une exhortation à la débrouillardise.

C’est également la période où je rencontre la culture hip-hop. À l’image de nombreux jeunes, j’ai été happé par cette culture. On est vers la fin des années 1990 et début 2000, je me lance comme rappeur avec le pseudonyme de Boss des Boss. Puis, en 2007, au détour d’une émission qu’animait Passi sur Africa N°1 (France) où il se mettait également en scène, j’ai eu comme un déclic. J’ai commencé à m’intéresser à l’animation. Je m’entrainais et un jour j’ai proposé un projet à Radio 9 (antenne de Radio Gabon dans la province du Woleu-Ntem), mais je ne fus pas retenu. Mais, j’avais continué à travailler.

C’est finalement en 2008, après l’obtention de mon baccalauréat série B et mon arrivée à Libreville que je décroche un poste d’animateur à Ogooué FM avec l’émission Encre 2La Rue. En parallèle, j’ai fait une inscription à la Faculté de Droit et Sciences économiques de l’Université Omar Bongo. J’avais également passé le concours d’entrée à l’Institut National des Sciences de Gestion. Le succès fut au rendez-vous. Je suis diplômé (Master) de ces deux établissements.

Par la suite, appréciant mon dynamisme, Didier Dafreshman m’a demandé de lui faire une proposition d’émission, ce qui m’a permis d’intégrer par la suite Urban FM.
ENOROMI MAGAZINE : À quel moment l’idée de te lancer dans l’entrepreneuriat t’est venue
Tchouindo AFANE EDOU
Tout part de 2009. Après le lancement de l’Encre 2La Rue, mon entrée dans le milieu du show-business local m’a permis de réfléchir sur le moyen de gagner de l’argent avec ce que j’avais comme atout. Il faut dire que je me suis toujours investi pour pouvoir aider ma mère sans oublier que je devais également assumer mon quotidien. Étant à l’université, je ne pouvais plus faire des corvées, j’ai mis mon intelligence à contribution. L’outil internet sera un maître pour me permettre de voir comment faire entrer de l’argent à travers mon émission. Ce ne fut pas facile. J’ai lu tout ce qui était nécessaire pour comprendre comment ailleurs les animateurs s’y prenaient pour avoir des revenus. Sans être dupe, je savais aussi que la transposition au Gabon serait presque impossible, mais j’étais motivé.

Un jour, j’ai eu un clash avec Jules KANDEM sur la perte de vitesse du Festival Gabao. Alors qu’il accusait l’environnement, pour moi, il était l’unique responsable de la situation. Ce « clash » a fini par le convaincre de me confier la gestion de la communication de l’édition 2013 du festival. Ce festival fut un franc succès. J’ai à l’occasion commencé à m’affirmer un peu plus dans le milieu. Je réalise finalement qu’il y a des opportunités à saisir. La fibre entrepreneuriale prend racine à ce moment.

Cependant, c’est pendant mon stage pour l’obtention de ma licence Banque Finance à l’INSG à Tromatix que j’avais approfondi mes connaissances sur la communication. En effet, en travaillant avec Gina NZENGUE sur le thème de : La mise en en place d’un service financier dans une petite et moyenne entreprise: cas de Tromatix, que je me suis simplement rendu compte que ce que je faisais déjà dans le hip-hop en termes de stratégie de communication, de plan média et campagne médiatique… c’était exactement ce que les grandes agences telles que AG Partners, Ocean Ogilvy, Havas Media Groupe et bien d’autres faisaient. J’ai ainsi commencé à faire des recherches pour comprendre comment les agences fonctionnent exactement. Après avoir bien compris et fini mon stage, j’ai soutenu ma licence, je suis passé en master Finance à l’INSG et en même temps j’étais en Master Sciences économiques à l’UOB.

Début d’année 2015, je me sentais prêt à créer ma propre entreprise, que j’ai appelée AETCOM, qui vient de la communication faite au modèle simplement d’AFANE EDOU Tchouindo. Au départ j’étais exclusivement dans le domaine artistique, ce qui limitait mes ambitions, car je n’en gagnais pas grand chose qui puisse me permettre de construire une maison (Rire). Donc, j’ai décidé d’élargir quelques mois plus tard ma boîte en intégrant la communication des entreprises (cela m’a été fortement déconseillé, car on se disait qu’aucune entreprise ne pouvait me faire confiance au détriment de ces grands groupes installés au Gabon), mais j’ai osé et j’ai ma part du marché de la communication aujourd’hui. Je travaille avec de grands groupes et il y a même ces grandes agences qui font recours à nos services pour les campagnes de leurs clients
ENOROMI MAGAZINE : Quelles sont les offres de AETCOM ?
Tchouindo AFANE EDOU
Nous produisons tout type de spots publicitaires audiovisuels, la création des supports visuels, nous gérons le lancement de tout type de campagnes digitales. Nous avons un réseau de partenaires radios et télévisions nationales et internationales. Nous offrons des stratégies de communication efficaces et faites à la mesure du client selon sa cible et ses objectifs. Nous avons un service pige, qui nous permet de faire un suivi réel de toutes nos campagnes, un service community management qui assure la veille digitale et une communication digitale efficace et contextualisée…

Je voudrais également ajouter qu’en 2016, après le lancement OKLM Radio (radio française appartenant au rappeur Booba), Dafreshman m’avait suggéré de créer ma propre radio. Aussitôt, j’ai eu une grande motivation et j’ai trouvé des moyens pour créer AKUM Radio, une webradio 100% musique africaine. Pour plus d’efficacité, j’ai créé un réseau d’animateurs africains (Bénin, Cameroun, Congo, Gabon…), qui travaillent avec moi aujourd’hui sur plusieurs projets panafricains. Aujourd’hui, vous pouvez écouter la radio sur la fréquence 88.3 FM et sur le site www.akumradio.fm. Seulement, nous travaillons encore pour son développement.
ENOROMI MAGAZINE : Depuis quelque temps, vous êtes très impliqué dans la protection de l’environnement. D’où tenez-vous cette fibre environnementaliste ?
Tchouindo AFANE EDOU
Après mon passage en Master 2 à UOB, je me suis spécialisé sur le développement durable. En travaillant sur mon mémoire dont le thème était : La Gestion des forêts et les pratiques agricoles à grande échelle au Gabon: cas du programme Graine, j’ai voyagé à l’intérieur du pays pour comprendre un certain nombre de choses, j’ai travaillé avec Brainforest et l’ONG américaine Mighty Earth, qui avaient porté plainte à Olam sur la déforestation au niveau du bassin du Congo et en particulier au Gabon, j’ai donc suivi l’affaire dans les moindres détails. Des interviews avec OLAM et Mighty Earth, j’ai reçu une abondante documentation laquelle m’a servi pour aborder sereinement mon travail. Dans la foulée je suis vraiment tombé amoureux de l’environnement, de la nouvelle forme de l’économie et du développement durable en terme général.

C’est ainsi qu’après avoir soutenu mon master, j’ai décidé de ne pas tuer cette fibre environnementale et de développement durable qui avait germé en moi. Il m’est venu l’idée de créer une ONG. En prenant l’exemple de l’ONG Brainforest de Marc ONA ESSANGUI, j’ai fondé le RGEDD en tant qu’entreprise sociale, au même titre que les ONG internationales.
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ENOROMI MAGAZINE : Qu’est-ce donc « le RGEDD » et quelles sont ses missions ?
Tchouindo AFANE EDOU
RGEDD, c’est le Réseau gabonais pour l’environnement et le développement durable. Il a pour missions de :
  • Proposer des solutions pour atteindre certains objectifs de développement durable à l’horizon 2030,
  • D’organiser des conférences, des forums et des salons de l’environnement et du développement durable,
  • De faire la propagande de tous les éléments valorisant l’environnement et le développement durable,
  • De sensibiliser, éduquer, informer la population et intervenir concrètement par des actions publiques et des réalisations concrètes, sur le terrain.
  • Promouvoir le concept de développement durable, promouvoir une approche environnementale « holistique » : Restauration, Conservation (milieu naturel, ressources, diversité́).
Depuis 2018, nous avons à notre actif de nombreux projets dont les opérations de plages propres avec notre partenaire la SOBRAGA, sous la forme d’une compétition. Des groupes de bénévoles s’affrontent en collectant le plus d’ordures. Les vainqueurs sont ceux qui ramassent le maximum de déchets. À ce jour, nous enregistrons plus de 4000 bénévoles dans notre réseau, qui participent régulièrement à nos opérations. Plus de 7000 personnes ont été touchées, plus de 50 tonnes de déchets collectés sur l’ensemble des plages du Grand Libreville.

Nous avons également lancé des conférences d’échange avec les entreprises et start-up appelées CAFE-VERT sur la RSE au Gabon. Pour une vision inclusive, nous venons d’étendre ces conférences, en intégrant la formation des jeunes dans les métiers verts notamment dans la précollecte qui a déjà un très bon départ sur le plan local.

Nous avons aussi initié des villages de l’environnement pour l’éducation à l’environnement et au développement durable des enfants à travers des jeux ludiques et découvertes. Un projet qui s’adresse en particulier aux établissements scolaires. Tout comme le projet Mon Eco-école qui nous permet de créer progressivement des Clubs Verts dans des établissements secondaires. Les élèves bénéficient d’une formation et d’un encadrement pour développer des projets écologiques dans leurs établissements. Nous sommes en train de préparer le concours des établissements les plus écologiques qui bénéficieront de nombreux lots en fin d’année scolaire 2022. Nous produisons des capsules de sensibilisation diffusées sur les réseaux avec et jeu concours et dans le même élan nous avons lancé en partenariat avec la radio Urban Fm, une émission axée sur les questions environnementales et de développement durable appelée JEU-DI-VERT, diffusée tous les jeudis matin et sur les réseaux sociaux.

Mieux, nous venons de mettre en place un journal écologique qui sera disponible en janvier 2022, téléchargeable sur notre site web www.ongrgedd.com et en distribution sur tous les réseaux sociaux pour un début. Il sera suivi d’une émission télé appelée le POINT VERT.

Actuellement, nous préparons la première édition du FNEDD : Le Forum national de l’environnement et le développement durable, qui sera notre premier.
ENOROMI MAGAZINE : Comment jugez-vous les politiques axées sur la préservation de la nature au Gabon ?
Tchouindo AFANE EDOU
Nous sommes conscients que l’État ne peut pas tout faire. Dans d’autres pays, les ONG constituent des instruments de l’État pour l’atteinte des objectifs de développement durable. C’est donc dans cette logique que le RGEDD s’inscrit, nous travaillons en montrant à l’État ce dont nous sommes capables et nous sommes certains qu’avec son appui par rapport à nos actions, qui sont d’utilité publique, nous ferons encore de grandes choses et contribuerons à l’atteinte des objectifs de développement durable au Gabon.
ENOROMI MAGAZINE : Comment vous considérez-vous dans le combat pour l’écologie ?
Tchouindo AFANE EDOU
Je me considère plutôt comme un entrepreneur social. Je travaille sur les questions de développement durable notamment sur : comment allier activité économique et préservation de l’environnement ? En d’autres termes, comment permettre à ce que l’homme se développe à travers son activité sur l’environnement sans le détruire pour permettre aux autres de faire de même ? C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’ensemble de nos activités s’inspirent et reposent principalement sur les objectifs de développement durable (ODD), qui place l’homme au centre sinon au cœur des politiques de développement.
ENOROMI MAGAZINE : Vous êtes également manager d’artistes, dont Créol la Diva. Est-ce un métier facile à exercer au Gabon ?
Tchouindo AFANE EDOU
Selon moi, le management artistique est pareil partout. Quand on a un artiste qui pense « Développement durable », c’est-à-dire comment gagner de l’argent à travers mon activité et garantir mon avenir, celui de mes enfants, mes petits-enfants, l’exercice est peu besogneux. Car il y a très souvent une convergence de vue. Ainsi, on fait tout pour trouver tous les moyens qui pourraient concourir à l’atteinte de vos objectifs.

Cependant, cette réussite passe nécessairement par ce que j’appelle : Le SPT (le sérieux, le professionnalisme et le travail) et ses éléments s’acquièrent par l’écoute, la compréhension et la soif de réussir. Voilà en gros ce sur quoi je travaille par exemple avec mon artiste Créol La Fantastik Diva.
Propos recueillis par
HAÏLÉE MD

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